Le nouveau bac pro doit "faire changer les regards" - LE MONDE 12.11.08
Pour réfléchir sur ce "bouleversement", l'Association française pour le développement de l'enseignement technique (Afdet), qui regroupe des acteurs de l'enseignement et du monde de l'entreprise, organisait mercredi 12 novembre des "assises de l'enseignement professionnel". L'occasion pour le ministre de l'éducation, Xavier Darcos, de défendre sa réforme. "Le bac en trois ans doit faire changer les regards" sur l'enseignement professionnel en assurant "une égale dignité" entre baccalauréats professionnel et général, estime-t-il.
Le ministre est apparu d'autant plus satisfait que sa réforme semble maintenant acquise. Notamment parce que le Syndicat national de l'enseignement technique action autonome (Snetaa), premier syndicat d'enseignants en lycée professionnel, a fini par la soutenir. "Après avoir présenté cette mesure pour des raisons purement budgétaires, Xavier Darcos a accepté de négocier", explique Christian Lage, son secrétaire général, qui souhaiterait même désormais "une généralisation plus rapide". Le ministère a en effet assuré qu'aucune suppression de postes n'interviendra dans le cadre de l'application de cette réforme et que quatre mille places supplémentaires en CAP ont été ouvertes, pour continuer d'accueillir ceux qui veulent n'étudier que deux ans.
LE BEP NE VA PAS DISPARAÎTRE
Mais les traces de la mobilisation lycéenne et enseignante d'automne 2007 ne sont pas encore totalement effacées. Certains syndicats restent ainsi farouchement opposés à cette mesure. Dans un communiqué, plusieurs d'entre eux énoncent ainsi leur crainte de voir "le nombre de sorties sans qualification" du système scolaire augmenter "face aux difficultés" à obtenir le baccalauréat professionnel. Le programme des épreuves restera en effet le même avec seulement trois ans au lieu de quatre pour se préparer. "La réforme doit au contraire plonger les lycéens directement dans une dynamique de bac pro, qui était cassée par le BEP", répond Jean-Marc Huart, conseiller de Xavier Darcos. L'objectif, selon lui, est surtout de mener plus de jeunes jusqu'au niveau baccalauréat, alors que "six mois après un bac pro, 60 % des jeunes ont un emploi, contre moins de 50 % des titulaires d'un BEP".
Les élèves de première baccalauréat professionnel "services" du lycée Le Rebours, chargés d'accueillir le ministre de l'éducation, eux, ne semblent pas inquiets. Même si l'une d'entre eux, Elodie Bintz, trouve la réforme "injuste : ceux qui entrent maintenant vont obtenir le même diplôme que nous en un an de moins".